ZFE : 8 FRANçAIS SUR 10 LES TROUVENT ANTISOCIALES

Le calendrier des ZFE dicté par la Loi d'Orientation des Mobilités (LOM) avance et s'étend, au grand dam des automobilistes. Depuis le 1er janvier 2025, trois d'entre elles (Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier) interdisent désormais la circulation des véhicules classés Crit'Air 3. Si ce calendrier est justifié pour des raisons environnementales, ses critères peinent à convaincre les administrés de ces agglomérations. Deux études relayées par BNP Paribas, « L’Automobiliste en plein brouillard » de L’Observatoire Cetelem, et celle menée par BNP Paribas Mobility, via un communiqué publié le 11 mars 2025, lancent un énième cri d'alarme auprès des politiques sur ces mesures perçues comme injustes, voire antisociales, par les ménages les plus modestes et les entreprises.

Les ménages modestes étranglés par les ZFE

Le constat est sans appel : 83 % des Franciliens considèrent que les ZFE sont injustes et qu'elles pénalisent les foyers les plus modestes pour des raisons essentiellement financières, selon l'étude de l’Observatoire Cetelem, intitulée « L’Automobiliste en plein brouillard ». Étonnamment, 53 % considèrent que les ZFE peuvent permettre d'améliorer la qualité de l'air de ces villes, tandis que 59 % estiment qu'elles sont suffisantes. L'étude souligne par ailleurs une fracture géographique notable : 71 % des habitants de la périphérie (notamment en Seine-Saint-Denis, Val-d'Oise et Essonne) estiment que les ZFE sont injustes, tandis que cela concerne seulement 53 % des automobilistes vivant intra-muros.

Comme le souligne l'étude, le programme de leasing social à 100 euros par mois, lancé début 2024, avait suscité beaucoup d'espoir chez ces ménages, en témoigne l'explosion des demandes à l'occasion du renouvellement de ce dispositif en 2025 : 50 000 commandes enregistrées en quelques jours, soit le double du nombre de demandes initialement prévues. Problème : ces aides publiques sont bien en deçà des besoins et du nombre de ménages qui en ont besoin. Toujours selon l'étude de l'Observatoire Cetelem, en Île-de-France, l'interdiction de circulation des véhicules Crit'Air 3 s'est traduite par la mise au banc de pas moins de 440 000 véhicules supplémentaires.

Les alternatives étant plus que limitées pour les automobilistes concernés habitants en périphérie, près de 43 % des conducteurs franciliens admettent éviter ces zones, tandis que 23 % avouent continuer d’y circuler illégalement faute de solution viable. Seuls 2 automobilistes sur 10 envisagent l’achat d’un véhicule conforme, autrement dit électrique. 

Les entreprises aussi sont asphyxiées…

Les entreprises, en particulier les artisans et les petites structures, subissent également de plein fouet les contraintes imposées par les ZFE. Selon l'étude de BNP Paribas Mobility, l'interdiction de circulation des Crit'Air 3 en Île-de-France concerne plus de 50 000 véhicules utilitaires légers, ce qui équivaut à pas moins de 17 % du parc automobile professionnel de la région.

Les entreprises du secteur de la logistique sont particulièrement touchées : 27 % de leurs véhicules sont concernés par ces interdictions. Pour les métiers nécessitant des véhicules spécifiques (réfrigérés, élévateurs, etc.), la conversion à l’électrique représente un investissement colossal que de nombreuses entreprises ne peuvent assumer, malgré les aides publiques existantes. Conséquence : certains professionnels n'ont d'autre choix que de renoncer à des contrats dans les ZFE, ce qui les fragilise encore davantage, au risque de faillite.

Une colère qui gronde

Le 31 décembre 2024, sans détour, l’écrivain Alexandre Jardin avait suscité un vif émoi en publiant sur le réseau social X (ex-Twitter) une vidéo dénonçant la mise en place des ZFE qu'il voit comme une « exclusion des gueux ».

Cette vidéo est rapidement devenue virale, cumulant plusieurs centaines de milliers de vues en quelques heures. Portée par ce coup de gueule retentissant, 35 députés ont depuis lors réclamé un moratoire de cinq ans sur les ZFE afin de permettre aux ménages modestes et aux entreprises d’anticiper leur transition énergétique. La colère gronde, jusqu’à quand les politiques et les maires de ces villes continueront-ils de faire la sourde oreille ?

2025-03-12T10:18:14Z